Exposition au Formaldéhyde
Formaldéhyde et prélèvements histologiques : comment assurer la sécurité du personnel soignant ?

Utilisé sous sa forme aqueuse dite « formol », le formaldéhyde sert à la fixation des tissus (prélèvements biopsiques, pièces opératoires...) pour permettre leur examen histologique (1). Il intervient à ce titre dans toutes les activités impliquant une gestion des prélèvements tissulaires – hôpitaux, cliniques, cabinets de radiologie et de dermatologie

Une substance cancérogène avérée

Ce gaz incolore, irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires, a été mis en cause dans la survenue de cancers nasopharyngés. Des indices portent également à croire qu’il est une cause de leucémie (2). Classé en France comme substance cancérogène avérée pour l’homme, le formaldéhyde est aussi reconnu, à l’échelle européenne, comme substance cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction.

Les activités exposées au formaldéhyde sont pour la plupart inscrites dans la liste des gestes impliquant la manipulation des substances, préparations et procédés cancérogènes, au sens du code du travail (3) : des mesures de substitution doivent donc être recherchées en priorité pour assurer la sécurité des utilisateurs (4).

Une substitution difficile

La démarche est loin d’être simple : le formol est « le standard en histologie au niveau international. Le remplacer impliquerait de procéder à de nouvelles études afin de procéder à de nouveaux standards d’utilisation et d’interprétation », explique Vincent Adda, IBODE et auteur d’une étude autour des risques liés au formaldéhyde au bloc opératoire (5). Il est néanmoins possible de réduire l’exposition des professionnels de santé en installant des systèmes d’assainissement de l’air (ventilation, filtration, etc.), et en utilisant un matériel de confinement spécifique et des équipements de protection individuelle (gants, masques, lunettes…), avec une surveillance régulière de l’atmosphère dans les zones à risques.

Mais ces mesures ne sont pas sans impact sur un établissement de santé ou un cabinet libéral. La mise en conformité des locaux est en effet longue et complexe, et peut grever le budget de fonctionnement tout en affectant directement l’activité – les zones en travaux étant inutilisables jusqu’à la fin du chantier. Quant aux équipements de protection individuelle, outre des coûts d’acquisition non négligeables, leur port peut se révéler inconfortable voire anxiogène, en particulier pour les utilisateurs dont l’activité habituelle ne le requiert pas.

Une alternative simple et efficace

L’expérience de l’AP-HM est à ce titre assez parlante. Cadre de santé du service de chirurgie urologique, Elsa Darnaud se souvient : « Eu égard aux dangers du formol, nous l’avions remplacé dès 2007 par le liquide de Bouin pour réaliser des biopsies de la prostate. En 2015, on nous annonçait qu’il fallait finalement revenir au formol, alors même qu’on nous répétait depuis des années qu’il s’agissait d’une substance cancérogène ! Ce revirement de situation a quelque peu alarmé les infirmières, d’autant que les biopsies étaient réalisées dans des locaux sans fenêtres – et donc non ventilés. Toutes les conditions étaient réunies pour une exposition aux émanations de formaldéhyde, ce qui avait alerté l’équipe, qui avait immédiatement sollicité l’aide de la médecine du travail ».

Dans l’urgence, elle commande des équipements de protection individuelle, qui connaissent très peu de succès : « C’était un véritable carcan : les masques, lunettes et gants à manchette nous empêchaient de nous mouvoir correctement. Les masques étaient surtout particulièrement lourds. Quant au patient, il ne manquait pas de s’inquiéter en nous voyant arriver avec tous ces équipements de protection ».

Le service de chirurgie urologique décide donc de chercher une solution moins contraignante, en faisant réaliser un devis pour un système d’extraction de l’air. « C’était beaucoup trop onéreux. Nous avons fait réaliser un deuxième devis pour installer une hotte sous laquelle nous pourrions manipuler le formol. Toujours trop onéreux. C’est alors que j’ai recherché des alternatives, et ai découvert l’existence d’une solution simple à mettre en œuvre, facile à prendre en mains et parfaitement sécurisée, à la fois pour les professionnels de santé et les patients. Ce fut un vrai succès ! Elle a, depuis, été adoptée par d’autres services de l’AP-HM », sourit Elsa Darnaud.

Une alternative à découvrir ici

Sources et références

(1) http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Le_formol_a_l_hopital.pdf

(2) http://www.cancer-environnement.fr/181-Formaldehyde.ce.aspx

(3) https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000790612&categorieLien=id

(4) https://www.anses.fr/fr/content/evaluation-des-risques-sanitaires-liés-à-la-présence-de-formaldéhyde

(5) http://www.aeeibo.com/VAEIbodeL2V1VincentAddaCompetence8PACA.html